Afin de promouvoir le progrès social, la promotion de l’égalité, le respect de la diversité, la lutte contre les discriminations et l’inclusion de tous et notamment des femmes, le Cercle des Communicants et des Journalistes Francophones (le CCJF) organise un cycle de réflexion.
Pour participer : https://cercledescommunicants.com/2021/02/22/femmes-communicantes-et-femmes-journalistes-ouverture-dun-cycle-de-reflexion/
Interview de Fatoumata Z. Coulibaly, journaliste, écrivaine blogueuse et pigiste au Mali. Ses propos sont personnels et n’engagent pas le CCJF.
En tant que femme journaliste comment appréhendez-vous votre métier ?
En tant que femme-journaliste, je constate que ce métier, longtemps réservé aux hommes, se féminise aujourd’hui et connaît grâce à l’engagement des femmes des évolutions fortes… mais présente aussi de nombreux défis. Certaines femmes sont victimes de harcèlement, de trafic d’influence, de menaces, d’agressions voire d’autres maux, uniquement parce qu’elles sont du genre féminin.
Malgré les bonnes pratiques prometteuses en faveur du changement, les médias continuent de jouer un rôle actif pour engendrer et perpétuer la discrimination fondée sur le sexe. Les inégalités entre les sexes y sont reproduites à de nombreux égards, cela se voit notamment avec la sous-représentation des femmes dans la production de l’information et dans l’accession aux postes à responsabilité dans les médias. Je précise que ce n’est pas parce qu’elles n’ont pas la capacité d’adaptation mais parce que les différentes options sont télécommandées par les responsables des médias qui ne sont que des hommes. Sans oublier qu’elles ne sont que citées dans les magazines féminins et dans les publicités malgré l’effort fourni.
Dans le paysage médiatique d’aujourd’hui, beaucoup de jeunes se lancent dans le journalisme au petit au bonheur la chance, sans avoir un diplôme certifiant d’une école de journalisme ou un document certifiant qu’ils ont le droit d’exercer ce métier. En plus de cela, l’Ethique et la Déontologie ne sont pas respectées comme il faut par la majorité des hommes de médias. Et aussi leur liberté journalistique, comme celle des hommes, est toujours menacée.
Il y a-t-il une différence par rapport aux hommes ?
Je dirai oui, si on prend le cas du Mali. Les hommes sont plus priorisés que les femmes. Les postes décisionnels sont occupés par des hommes malgré le dur labeur des femmes ou jeunes filles au sein de l’organe de presse. Rares sont les femmes qui sont à la tête d’un organe de presse au Mali que cet organe soit étatique ou privé. Les femmes sont minoritaires dans tous les bureaux de presse. Donc, je crois fermement à ce point qu’il y a une injustice. Même au niveau des reportages ou des missions.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ou avez rencontré dans vos études ou dans l’exercice de votre métier en tant que femme journaliste ?
Je n’ai pas rencontré beaucoup de difficultés au cours de mes études et dans l’exerce de ce métier.
Pendant mes deux dernières années d’étude, (M1 et M2), j’étais la seule fille parmi tous les étudiants en journalisme. Cela m’a permis d’obtenir une certaine réputation dans le milieu. Mes professeurs et responsables m’ont épaulé dans l’écriture journalistique et autres. Je me rappelle le jour de ma soutenance, après l’exposé, le président du jury m’a félicité en disant ceci : « je félicite la jeune Dame pour son audace pour le sujet, je suis vraiment étonné de voir une fille entre guillemet une femme qui se donne au travail à ce niveau, c’est vraiment salutaire, elle a fait un vrai travail de terrain, de recherche, je la félicite pour cela et je l’encourage à aller plus loin parce qu’elle a su expliquer les questions formulées et a donné sa vision sur le thème qu’elle a abordé dans son mémoire sur la Crise et le Journalisme. Cela m’a donné plus d’engouement pour ce métier digne et noble.
Comme débutante, j’ai eu les mêmes problèmes que tout débutant mais j’ai dépassé les difficultés grâce à mon travail.
En ce qui concerne l’exercice du métier, je ne me plains pas trop même si souvent certains confrères me collent une image négative, d’autres au contraire une étiquette positive de la femme battante. Les critiques négatives ne me touchent pas, la seule chose qui compte est d’atteindre mon objectif, celui d’amener le bateau à bon port.
Comment améliorer dans votre pays la situation des femmes journalistes ?
Au Mali, dont les femmes viennent dans ce secteur par passion dévorante, malgré les contraintes et les menaces, je crois qu’il faut prendre certaines mesures pour encourager davantage d’autres femmes à embrasser ledit secteur :
-Promouvoir et améliorer l’image des femmes dans les médias,
-Lutter contre les stéréotypes,
-Eliminer la représentation stéréotypée des femmes
-Lutter contre les violences faites aux femmes de médias
-Accorder la même priorité aux hommes qu’aux femmes journalistes dans les directions des organes de presse
… Et enfin j’implore mes consœurs d’éviter de s’habiller de façon extravagante dans le cadre professionnel.
Interview publiée en septembre 2021