Sophie Barré, actuellement chargée de communication digitale de la Mairie de Bezons, revient sur son expérience antérieure de chargée des médias sociaux, du plan médias et de la communication étudiante de l’Université de Cergy-Pontoise.

Les établissements supérieurs et de recherche (ESR) sont-ils suffisamment présents sur les réseaux/médias sociaux ? Cette présence est-elle pour vous primordiale ?

Sophie Barré (SB) : Quand j’ai pris mes fonctions sur mon poste à l’Université de Cergy-Pontoise, la majorité des ESR étaient présents sur les réseaux sociaux mais il n’y avait pas réellement de stratégie autour de ces outils. Ils étaient exploités ponctuellement, on sentait que c’était encore en phase de test. Depuis le phénomène a explosé, d’autant plus que la cible principale, les jeunes entre 16 et 25 ans, en sont de très grands consommateurs. Les réseaux sociaux sont la première porte d’entrée en cas de question d’un (futur) étudiant ou pour exprimer un avis positif comme négatif. C’est une caisse de résonance de ce qui se passe dans les établissements qu’il faut exploiter pour fédérer et tirer des enseignements ; les ESR ont bien compris cela.

Lorsque les ESR sont présents sur les réseaux/médias sociaux, comment communiquent-ils ? Quels sont leurs objectifs de communication ?

(SB) : L’objectif principal selon moi est de fédérer la communauté. Sans ça, il est difficile ensuite de faire rayonner la marque de l’établissement, nos étudiants sont nos premiers ambassadeurs ! Il faut donc rester en veille constante et être disponible pour eux, l’échange est important avec une cible si exigeante. Les médias sociaux sont également un excellent moyen de valoriser les expertises de l’établissement et notamment les laboratoires de recherche. Enfin l’université doit faire savoir qu’elle est en mesure de répondre aujourd’hui à de grands enjeux sociétaux à travers ses formations mais aussi à travers son rôle d’accompagnement tout au long de la vie. Le secteur est  malgré tout concurrentiel, il faut donc arriver à se démarquer et à faire valoir les points forts, surtout dans un contexte de plus en plus internationalisé.

Pourriez-vous citer des actions qui ont été mises en œuvre par des ESR sur les réseaux/médias sociaux et que vous avez trouvées particulièrement innovantes ?

(SB) : J’ai beaucoup aimé les réponses aux tweets affichées en grand au sein de la B.U. de Rennes I (https://twitter.com/UnivRennes1/status/740101052394012672) dans l’esprit Burger King ; c’est drôle, visuel et percutant ! Le cours de droit diffusé par un enseignant via Facebook Live à Paris I (http://www.letudiant.fr/etudes/a-la-sorbonne-des-cours-de-droit-en-direct-sur-facebook-ca-marche-tres-bien.html) donne également le pouls de ce qui se profile à moyen terme : des actions en temps réel et qui répondent à un besoin des étudiants en s’appuyant sur des outils accessibles à tous.

L’avenir de la communication des ESR sur les réseaux/médias sociaux passe-t-il par la mise en place d’événements numériques ? De live tweets ? Ou d’autres actions ?

(SB) : L’avenir des ESR passera forcément par le développement du volet numérique au sein des établissements dans tous les domaines, pas uniquement la communication, que ce soit en matière de cours en ligne, d’accessibilité, de service numérique, de dématérialisation. A l’époque où j’y travaillais, nous relayions la plupart de nos événements sur les médias sociaux : journées portes ouvertes, cérémonie de remise de diplômes, conférence, vie de campus… De nouvelles fonctionnalités apparaissent en permanence sur les différents réseaux, accentuant cette volonté « d’instantané ». Bien sûr il faut que cela s’intègre à une stratégie éditoriale plus globale. A l’Université de Cergy-Pontoise, nous avions par exemple mis en place un compte twitter dédié aux inscriptions compte tenu de la présence des futurs étudiants sur ce media, cela s’ajoute aux moyens de communication plus traditionnels comme le téléphone. La démarche a été appréciée par nos usagers.

Les ESR recrutent-ils de plus en plus de chargé(e)s de communication numérique et de community manager ou est-ce encore une fonction externalisée avec un prestataire ? Quelle est la tendance ?

(SB) : Ce poste est devenu incontournable aujourd’hui dans les ESR, que ce soit un temps plein dédié exclusivement au community management (avec parfois même plusieurs personnes, ou que ce soit un poste dont les missions sont plus larges (community management et webmestre par exemple). Pour ma part, à l’époque je gérais également en parallèle de mon poste de community manager le plan média de l’université et la communication étudiante. Je ne pense pas qu’il y ait aujourd’hui un établissement où cette fonction soit totalement inexistante et il me semble également compliqué d’externaliser cette compétence : ce métier est totalement transversal au sein de l’établissement et nécessite une parfaite connaissance de l’établissement. Il est essentiel de pouvoir être sur le terrain en contact avec les usagers et de pouvoir réagir en très peu de temps si cela est nécessaire.