Le 18 novembre 2020, le Cercle des Communicants et des Journalistes Francophones a organisé le 7ème #DinerDesCommunicantsPolitiques francophones sous format numérique pour cause de pandémie. Il a permis de réunir, pendant plus de trois heures, une centaine de professionnels, d’enseignants, de chercheurs et d’étudiants de tout l’espace francophone (Belgique, Côte d’Ivoire, Sénégal, Canada, France, Liban, Congo, République démocratique du Congo, Cameroun, Bénin, Rwanda…). Synthèse des 6 interventions.
Céline Mas, Présidente de Return for society, Présidente d’ONU femmes France, co-autrice de la 9ème édition du Communicator (publié chez Dunod) et récemment interviewée sur cet ouvrage est intervenue la première. Elle a tenté de répondre à une question essentielle : la communication politique est-elle genrée ? On retiendra deux raisons qui pourraient expliquer que les femmes politiques ne communiquent pas de la même façon que les hommes : d’une part, quand la légitimité politique est plus faible, on communique différemment, ce qui est le cas des femmes puisqu’au niveau mondial, elles ne représentent que 24% des parlementaires ; d’autre part, dans certaines zones du monde, il faut beaucoup de courage pour être une femme politique, dans ce cas la communication des femmes peut être marquée par une forme de combativité. Elle met également l’accent sur le traitement médiatique des femmes politiques, les questions posées par les journalistes, les angles choisis et les questions concernant parfois leur vie privée… un traitement journalistique des femmes, de leurs actions et de leur communication, qui n’est pas neutre et sur lequel il faut être vigilant.
Extrait vidéo de son intervention sur le traitement médiatique de l’action et de la communication des femmes politiques (2 minutes) :
Nancy Ngoma, Porte-parole et responsable communication du Ministre-Président Rudi Vervoort, chef du Gouvernement Bruxellois est ensuite intervenue. Après avoir rappelé les mesures récentes prises en Belgique pour lutter plus efficacement pour l’égalité femmes-hommes, pour l’inclusion et la citoyenneté et contre les discriminations, elle a souligné que le Gouvernement Bruxellois compte autant de femmes que d’hommes et une ministre transgenre. Si les médias belges ont beaucoup évoqué la dimension paritaire du Gouvernement, ils ont peu parlé de la ministre transgenre… contrairement aux médias internationaux. Nancy Ngoma a également souligné que le Gouvernement Bruxellois a deux porte-paroles, une francophone (elle en l’occurrence) et une néerlandophone et que toute communication se fait dans les deux langues. Enfin, elle a expliqué qu’en raison de ses origines africaines (puisqu’elle est rwandaise) et du fait qu’elle est une femme, elle est plus attentive à la représentation de la diversité lors des campagnes de communication gouvernementales et au genre lorsqu’elle communique notamment sur les réseaux sociaux.
Extrait vidéo de son intervention sur les projets mis en œuvre par le Gouvernement Bruxellois (4 minutes) :
Arnaud Ngatcha, homme de médias et adjoint à la Maire de Paris Anne Hidalgo, en charge des relations internationales et de la francophonie, a précisé les ambitions de Paris en matière de francophonie : développement des partenariats avec les grandes villes africaines francophones, actions de protection des droits humains avec l’attribution de la citoyenneté d’honneur, organisation du déjeuner des ambassadeurs… Il a également indiqué que la Ville de Paris participe à l’année de l’Afrique en France qui débute en décembre 2020 et qu’une mission sur les diasporas a été confiée à une conseillère de Paris.
Extrait de son intervention sur les ambitions de la ville Paris en matière de francophonie (4 minutes) :
Yawa Kouigan, femme politique togolaise et directrice adjointe de la communication à la Présidence du Togo est ensuite intervenue pour présenter la communication politique au Togo. Après avoir indiqué que tout l’écosystème digital de l’Etat a été refondu afin de permettre aux internautes de s’y retrouver, elle a souligné que le site internet du Gouvernement togolais est la première source d’information des citoyens. En outre, dans le cadre de la lutte contre la pandémie de covid 19, tous les messages destinés aux citoyens ont été traduits dans les dialectes locaux. Enfin, elle est revenue sur la création au niveau local d’un bureau des citoyens qui permet de faire le lien entre les élus et les citoyens.
Extrait de son intervention sur le nouveau écosytème digital mis en place par le Gouvernement togolais (3 minutes) :
Destiny Tchéhouali, Professeur de communication internationale à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a ensuite pris la parole sur la communication politique numérique au service du Soft power canadien. Si au niveau international le Canada se positionne comme un pays très ouvert, très inclusif, champion du multiculturalisme et réussit bien en général à orienter les opinions publiques en ce sens, il a estimé que les récents propos de Justin Trudeau adressés à la France selon lequel « la liberté d’expression a des limites » étaient une bourde diplomatique.
Extrait de son intervention où il revient sur les propos de Justin Trudeau et sur la polémique qui s’en est suivie (6 minutes) :
La rencontre s’est achevée par L’épreuve du direct, une nouvelle partie du Dîner au cours de laquelle un intervenant répond à des questions en direct pendant 30 minutes. Nicolas Baygert, expert belge en communication politique, enseignant, chargé notamment de cours en Belgique à l’IHECS, s’est prêté au jeu des questions sur le marketing politique. Un domaine né après la seconde guerre mondiale pour essayer de faire oublier la propagande. Il a évoqué la façon dont les marques politiques sont façonnées, l’émergence du citoyen-consommateur, le désenchantement du politique, le dépassement du militantisme traditionnel, l’effort de campagne permanente, les lovemarks (ces marques auxquelles les citoyens sont attachés plus que de raison et qui peuvent créer de l’excitation, de l’enthousiasme), le re-branding politique (le ravalement de façade de la marque politique)… Il a rappelé que tous les hommes et les femmes politiques sont susceptibles d’adopter une stratégie de communication de marque, s’appuyant sur des formats interactifs, des histoires personnelles, des actions de communication divertissantes et un travail sur l’émotionnel. Il a indiqué que les hommes et femmes politiques qui ont du succès sont ceux qui ont une relation-miroir avec les citoyens, qui leur renvoient une image d’eux-mêmes très positive. Enfin, il a pris comme exemple la communication de l’homme politique belge Elio Di Rupo qui, même s’il fait de la politique depuis 40 ans, a toujours réussi à ne pas être ringardisé et qui a fait une apparition récente sur le réseau social des jeunes Tik Tok.
Extrait de son interview sur les indicateurs de performance d’une marque politique (5 minutes) :
Quelques tweets des participants et des intervenants au Dîner :
Synthèse réalisée par Damien ARNAUD et publiée en novembre 2020