Interview d’Efui Koffi Tamakloe, Directeur de la Communication de l’Agence Nationale d’Assainissement et de Salubrité Publique (ANASAP) du Togo.
Quels sont les enjeux de communication interne et externe de votre Agence ?
L’Agence nationale d’assainissement et de la salubrité du publique du Togo a pour objectif de créer et de maintenir un cadre de vie favorable au bien-être et à l’épanouissement de la population Togolaise. La communication au niveau de l’Agence est particulière dans la mesure où, en plus de bâtir la notoriété de l’Agence, il s’agit de mener également une communication sur le terrain pour un changement de comportements. En interne, donc il s’agit de fédérer les employés autour des missions de l’Agence et de les informer sur les activités quotidiennes, la vision et les perspectives. En externe, en plus de la communication institutionnelle, il s’agit de mener des actions de sensibilisation sur le terrain, réceptionner et se déplacer pour gérer les plaintes des citoyens. Il s’agit aussi de travailler avec les leaders communautaires (chefs traditionnels, les responsables des comités de développement de quartier, etc.) pour amener les populations à adopter les bonnes pratiques en matière d’hygiène et de protection du cadre de vie. Rappelons que disposer d’une stratégie de communication assortie d’un budget et plutôt rare au niveau des ministères contrairement aux Agences qui, bien qu’elles soient des structures étatiques, ont une gestion privée. Et justement les actions de communication des Agences ou autres entités similaires contribuent de plus en plus à mettre en lumière les actions de l’Etat.
Les institutions publiques communiquent-elles efficacement sur les réseaux sociaux ? Quelles sont les marges de progrès ? Devraient-elles davantage être dans la construction d’un dialogue avec les citoyens ?
Communiquer sur les réseaux sociaux est aujourd’hui pour les institutions publiques une nécessité et une réalité. En effet, les réseaux sociaux ont la particularité d’être a priori gratuits, flexibles, faciles d’utilisation et vous permettent de mesurer automatiquement l’impact de votre communication. A tort ou à raison, les médias traditionnels publics sont parfois boudés par une frange de la population car jugés trop partisans ou politisés. Les réseaux sociaux sont donc une option complémentaire qui permet de rattraper l’audience perdue sur les médias traditionnels. Ils sont également, un outil de dialogue avec les citoyens dans la mesure où ces derniers peuvent s’exprimer librement, de manière anonyme au besoin. Cette interaction permet d’avoir un retour en temps réel.
Quelles sont les principales difficultés dans l’exercice de votre métier ?
Les difficultés sont légions :
• L’insuffisance de budget voire l’inexistence dans certains cas
• Le manque de matériel
• La méfiance instinctive des citoyens par rapport à tout message émanant des pouvoirs publics
• La perception de la communication publique comme une communication politique
Les institutions devraient-elles se doter davantage de porte-parole ou cette fonction devrait-elle être assurée par le directeur de la communication ?
Dans les institutions où il faut donner souvent des points de vue politiques l’idéal serait d’avoir un porte-parole. Ce qui n’exclut pas la nécessité d’un directeur de communication qui sera le stratège de l’ombre. Dans les institutions ou les prises de positions sont plus techniques, le communicant peut jouer avec efficacité le rôle de porte-parole.
Votre institution publique communique-t-elle les mêmes messages et de la même façon sur tous vos supports de communication digitaux ?
Communiquer de la même façon sur tous les supports de communications digitaux serait une erreur tactique. Chaque support digital a une cible particulière. Ainsi sur Facebook, le message doit être court, en langage accessible. Sur un site web, on peut se permettre de faire de longs développements de joindre des photos, des liens, etc. Sur twitter le style est télégraphique, on doit respecter les 280 caractères maximum. Idem pour LinkedIn où on se doit d’être concis. Dans certaines contrées où il y a des problèmes de connexion, on évitera de mettre beaucoup de photos ou de vidéos afin de faciliter le téléchargement. Le respect de ces règles permet que chaque public cible se sente dans sa zone de confort avec le support qu’il affectionne et le message à transmettre passera sans encombre. Dans le cas contraire, les internautes commencent la lecture et abandonnent en chemin.
Sous l’impulsion du digital, le métier de graphiste pour une institution publique a-t-il beaucoup évolué ? Quelles sont les missions et les compétences nécessaires du graphiste de demain ?
Les missions du graphiste peuvent se résumer en une phrase : faire passer le contenu d’une ou plusieurs pages en une/des illustration(s). Pour ce faire, le graphiste de demain doit bien maitriser la mise en page, les codes couleurs, la symbolique des formes. Il s’agit aussi de se fonder sur la culture du milieu, les habitudes pour trouver des messages courts mais chocs qui peuvent impacter.
NB : Site Web : http://www.anasaptogo.com, Facebook / Twitter : Anasap Togo.
Interview publiée en avril 2021