La série sur le journalisme dans l’espace francophone se poursuit (voir les interviews précédentes) avec l’interview de Tigossou Kokou Amewouho alias Midas, journaliste au Togo. Le Cercle des Communicants et des Journalistes Francophones (CCJF) précise que son point de vue est personnel et n’engage pas le CCJF.

Pour vous, à quoi servent les médias ?

La presse informe la société et en même temps l’éduque. Elle joue un rôle de contrôle et de veille.

Faites-vous une différence entre journaliste et communicant ? Si oui, laquelle ?

Un journaliste est différent d’un communicant. Primo, le journaliste travaille à partir des faits alors que le communicant défend une cause personnelle. Secundo, le journaliste est impartial alors que le communicant est partial et mercantile, c’est-à-dire qu’il est payé pour écrire telle ou telle chose. 

Quelles sont les difficultés d’exercice du métier de journaliste dans votre pays ?

La corporation est prise en otage par des confrères qui ne sont pas des journalistes de formation. Sans la caution d’un des leurs, vous aurez toutes les difficultés pour vivre de votre travail. A cela, s’ajoute la méfiance de la société vis-à-vis des journalistes. En outre, le fait que tout le monde puisse transmettre de l’information et se comporte d’une certaine manière en “journaliste citoyen” est venu détruire le peu de crédibilité qui restait aux journalistes.

Quels sont pour vous les 3 plus grands journalistes de votre pays ? Pourquoi ? Quels sont les journalistes de votre pays qui sont pour vous des modèles ?

Les plus grands journalistes, selon moi, sont Jean-Paul Agboh, directeur du journal Focus Infos, Gilles Bocco de New World TV et Hans Masro qui a travaillé à Radio Lomé. Jean-Paul Agboh demeure une référence pour moi à travers ses écrits et son décryptage de l’actualité, sa plume est actuellement la meilleure au pays.

Que faudrait-il faire selon vous pour améliorer le journalisme dans votre pays ?

La première étape est l’assainissement de la corporation de ceux qui se prévalent du titre de journaliste. Ils sont nombreux, puissants, souvent riches et proches des milieux politiques. En second lieu, l’Etat doit financer un recyclage permanent des journalistes et les aider à se mettre au niveau de l’évolution rapide de la technologie. Enfin, dans les écoles de journalisme, il faut mettre davantage l’accent sur la pratique que sur la théorie et ne plus enseigner les vieilles pratiques journalistiques.

Interview publiée en juin 2021