Interview de Simon Wattelet (@s_wattelet), récemment diplômé du Master professionnel Communication politique et institutionnelle de la Sorbonne.

Le 25 avril 2017, avec Camille Marsetti, Laura Pistre, Anil Ciftci, Darius Beucler et Théau Fourriez – tous membres de l’association de votre Master (@sorbonnecom) – vous avez organisé, sous la direction de Jonathan Bernard, un petit déjeuner débat autour du thème « Communication présidentielle : réflexe ou réflexion ? ». Quels ont été pour vous les 3 principaux enseignements de cette rencontre ?

23633546_10214570642438719_526259828_o.jpgSimon Wattelet (SW) : Tout d’abord nous tenions une nouvelle fois à remercier les intervenants et les participants à ce petit-déjeuner qui a été une réussite, tout comme le cycle de cette année plus globalement. Nous avons pu assister à un débat de qualité qui a autant mis en valeur la pratique de la communication, mais aussi la réflexion et les écrits notamment sociologiques sur cette question. Il faut également retenir de cet échange que le champ communicationnel a connu, connaît et va connaître encore de nombreux changements notamment avec l’omniprésence du numérique. Enfin, il est nécessaire de maîtriser sa communication et donc, pour reprendre le titre de notre conférence, essayer d’être moins dans le réflexe que dans la réflexion.

Qu’est-ce qui vous a surpris dans les analyses exposées par les intervenants ?

(SW) : Je n’ai pas été surpris par certaines analyses qui étaient logiques selon les fonctions occupées par nos intervenants. Il ne faut jamais oublier  »d’où ils parlent ». J’ai néanmoins été très intéressé par l’analyse des meetings politiques qui pour moi était très éclairante, surtout quand on remarque les changements que ceux-ci ont pu connaître lors de la campagne 2017.

Lors de ce petit déjeuner débat, il a peu été question de la femme du chef de l’État. Est-ce normal ? Comment la communication politique du Président doit-elle selon vous s’articuler avec celle de sa femme ?

(SW) : C’est vrai qu’il a été très peu question de la femme du chef de l’État lors de notre évènement. Le couple présidentiel existe, mais nous avons vu lors des derniers mois que les Français ne souhaitent pas la création d’un statut de première dame. La femme du président de la République a toujours été connue lors de la Ve République, avec un rôle qui est différent selon les époques et les personnalités. C’est pour moi à la femme du président de s’adapter à la stratégie de communication de ce dernier et non l’inverse. Il ne faudrait pas que celle-ci prenne le dessus.

Pour prolonger la réflexion… Un Président de la République doit-il mettre en lumière sa vie privée ? Jusqu’à quel point ?

(SW) : Il en est obligé. Les Français souhaitent connaître un minimum la vie privée de leur président. Pour ma part, je ne trouve pas que la communication à outrance à ce sujet soit nécessaire. La peoplisation de la vie politique a fait mal au politique lui-même, et à la fonction. Il faut cependant donner un minimum d’éléments aux médias qui en sont friands afin de pouvoir choisir ce que l’on veut montrer. Il y a un équilibre à trouver entre l’hypercommunication et la fermeture des portes de l’Élysée. Encore une fois il faut garder le contrôle de sa communication.

Nous venons de vivre en France une campagne présidentielle. Parmi les tracts, les meetings, les affiches, les spots de campagne que vous avez vus… quels sont ceux que vous avez trouvé particulièrement réussis et pourquoi ?

(SW) : D’un point de vue de la communication politique, la campagne de la France Insoumise a été remarquable et cela a été reconnu par une grande partie de la classe politique. Les meetings de Jean-Luc Mélenchon étaient très réussis tant par la scénographie que par son talent d’orateur, comme le meeting de Marseille notamment qui a été beaucoup repris dans les médias.

J’ai été également surpris de manière générale par les spots de campagne qui ont été très travaillés et que j’ai trouvé bien plus ludiques que les simples messages que nous avions pu voir lors des précédentes campagnes.

Pierre Zémor indiquait dans une interview publiée il y a quelques mois dans le Cercle des Communicants Francophones que les « spin doctors sont des charlatans qui tentent d’accéder au statut de gourou ». Qu’en pensez-vous ? D’après vous, peut-on encore parler de « gourou » ?

(SW) : Je ne le pense pas ou en tout cas ce n’est plus le cas actuellement. Comme le disait Frank Louvrier lors de notre conférence, le temps des gourous est terminé. Ceux-ci sont remplacés par des  »experts » dans les différentes spécialités de la communication, qui s’est considérablement élargie.

Imaginons que vous soyez un des conseillers communication du Président Emmanuel Macron… qu’est-ce que vous proposeriez en matière de communication politique ?

(SW) : L’hypercommunication de Nicolas Sarkozy n’a pas été un succès, la présidence  »normale » de François Hollande non plus. De plus, on remarque ces derniers mois que la communication  »Jupitérienne » ne semble pas fonctionner dans l’opinion. Emmanuel Macron souhaite donc changer sa communication pour être un peu plus présent et proche de la population. Cependant, la réussite de cette stratégie sera également liée aux résultats politiques des réformes qu’il souhaite mener au vu du climat politique ambiant. Il faudrait selon moi une stratégie globale au niveau du Gouvernement et des députés de la majorité. Emmanuel Macron en est la figure de proue et la moindre erreur aura une incidence sur sa propre communication.