Le premier #DinerDesCommunicantsPublics a eu lieu le 18 septembre 2019. Une première car il n’était pas question de communication politique comme lors des quatre dîners précédents mais bien de problématiques publiques. Une vingtaine de personnes du monde de la communication francophone étaient venues écouter quatre interventions aussi diversifiées qu’intéressantes. Retour sur les moments forts de ce dîner.
La communication publique à l’honneur
C’est dans le centre de Paris que se sont réunis des professionnels de la communication venus du Gabon, du Togo, de la Côte d’Ivoire, mais aussi de grandes villes françaises : Bordeaux, Besançon, et des collectivités territoriales de l’Île-de-France. Ils ont entre 23 et 90 ans et chacun est riche d’expériences à partager sur la communication publique. Oui, la communication publique était à l’honneur pour ce premier dîner et les participants avaient à cœur de marquer la « nuance » entre communication publique et communication politique, à la fois si proches mais dont les finalités sont éloignées.
Lors de ce Dîner, il a été question d’annonces sur les nouveaux formats sonores et vidéo de sujets produits par le Cercle des Communicants et des Journalistes Francophones (CCJF) et, bien entendu, d’aborder la discipline à travers le prisme de plusieurs interventions :
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la communication publique au Togo encore à l’ombre de la communication politique du Président et des ministres et les moyens nécessaires pour lui permettre de se développer ;
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le métier de journaliste territorial, un journalisme se situant entre la culture de la presse et les attentes des élus ;
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les projets de communication innovants comme moyen de revaloriser des territoires à redécouvrir avec un retour d’expérience sur la création d’une application mobile en réalité augmentée ;
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le métier de plume en communication publique, une discipline cachée mais bien existante, quelque part entre la plume en communication politique et la direction de communication.
Nouveaux formats, nouvelles approches de la communication publique
Le CCJF se réservait l’occasion de ce dîner pour présenter les nouveaux formats de traitement de la communication publique en complément des nombreux articles et interviews déjà disponibles sur le site.
Les participants ont ainsi pu découvrir Com’Jaime, des chroniques sonores sur les campagnes que le CCJF a remarquées et appréciées. Une manière de revenir sur les qualités nécessaire à toute communication publique ou politique réussie. Et ce n’était pas tout, les émissions vidéo font également leur entrée dans la grille de programmes du CCJF avec deux formats notamment avec l’émission vidéo qui devrait être lancée d’ici quelques semaines : #FrancophonieAuCoeur (découvrez l’univers graphique).
Le CCJF a également souligné que depuis l’ouverture des adhésions en mai 2019, 1 000 adhésions ont déjà été reçues (formulaire d’adhésion gratuite). S’agissant par ailleurs de la création des Comités stratégiques, le CCJF a reçu tellement de candidatures qu’il réfléchit à une nouvelle façon de faire participer les personnes les plus motivées.
La communication publique au Togo : s’émanciper des pratiques de la communication politique
Le CCJF a eu le privilège d’accueillir Namoin Baglo Yao, professeur en sciences de l’information à l’Université de Lomé au Togo et présidente de l’association des professionnels de la communication du Togo (APROCOM). Namoin Baglo Yao est intervenue sur le développement de la communication publique au sein des ministères togolais et des collectivités territoriales. Elle a estimé que si le métier a connu d’importantes avancées depuis 2012, il reste marqué par la spécificité de formation des communicants provenant majoritairement du journalisme… et dont le principal objectif a longtemps été d’obtenir pour les ministres une large couverture médiatiques.
Petit à petit, les communicants se sont émancipés de cette approche restreinte aux relations presse pour aller notamment vers le numérique et les réseaux sociaux. Pour autant, la communication reste l’apanage d’un nombre limité d’entités que sont la Présidence, le ministère des communications. En outre, la délimitation entre communication politique et communication publique reste floue.
Les notions de budget de communication, d’équipes de communication au sein des différents ministères ou collectivités territoriales appartiennent encore à l’avenir. Namoin Baglo Yao a insisté sur la nécessité de formation des futurs communicants du Togo, en partenariat avec la France, pour faire progresser les pratiques et offrir à la communication publique une existence propre.
Journaliste territorial, l’impossibilité d’une fonction entre indépendance nécessaire et voix de son maître ?
Rémi Uzan, journaliste territorial, s’est amusé à chatouiller l’audience en mettant en lumière quelques paradoxes du métier qui est le sien depuis plus de 15 ans : un journalisme territorial qui imite le journalisme de la presse, une loyauté aux élus qui restreindrait la vérité des faits… Rémi Uzan a tracé, tout en nuances, le périmètre de cette profession en répondant à la question de savoir si le journaliste territorial est un journaliste comme les autres. Selon lui, oui, un journaliste territorial est un véritable journaliste, il investigue, angle ses articles, propose des sujets, recoupe ses sources pour faire émerger la vérité des faits, et surtout, il respecte une ligne éditoriale comme ses cousins de la presse quotidienne régionale. Mais, il a ses contraintes : la volonté des élus, la restitution de l’action publique auprès des lecteurs.
Redonner vie à un pan de territoire par le virtuel, c’est possible !
Il y a un peu de la SNCF dans ce projet d’application mobile en réalité augmentée mené à bien par Sandrine Décembre, consultante en communication pour la région Franche Comté. Pour ce projet, elle devait répondre à une injonction paradoxale : que votre smartphone vous donne envie de regarder le paysage oublié d’une ligne de chemin de fer en direction de Belfort au lieu de passer son temps le nez sur son écran.
C’est avec le concours d’un historien du territoire que Sandrine Décembre a pu reconstituer la géolocalisation des lieux patrimoniaux et d’intérêt historique et touristique. Les touristes découvrent ainsi dans le train, via leur smartphone, ce qui peut être invisible à leurs yeux. L’application, au cours du trajet révèle les secrets des lieux par lesquels passent les voyageurs. Une idée novatrice, qui, de l’avis des participants, mériterait amplement une plus large diffusion sur l’ensemble des territoires.
Plume en communication publique, un secret bien gardé
S’il va de soi que la plume est un métier parfaitement identifié, reconnu essentiellement dans le champ du politique, qu’en est-il des discours, des éditoriaux, des communiqués de presse rédigés au nom de l’élu mais qui sont d’intérêt général ? C’est cette équation aux nombreuses inconnues que Samuel Cuneo, ancien directeur de la communication d’une commune du Val de Marne, a tenté de résoudre en faisant participer les convives à un quiz. A chaque question issue d’une situation de la vie réelle, les participants devaient jauger du champ d’application : politique, public, ou les deux. A la fin de ce jeu, ils se sont rendus à l’évidence, la communication publique n’est pas sans base politique puisqu’elle émane de l’élu. De ce fait, les communicants publics, généralement en charge des écrits non politiques, doivent faire face à d’épineux dilemmes : travailler à l’intérêt commun sans négliger les intérêts politiques particuliers. A la fin de son intervention, Samuel Cuneo a présenté les caractéristiques qui selon lui sont nécessaires pour exercer cette fonction, souvent à cheval entre le cabinet du maire et le service de communication : écrire avec la rigueur d’un journaliste, comprendre les rapports de force avec la conscience d’un politique, faire prévaloir l’intérêt général avec la loyauté d’un fonctionnaire.
Synthèse du Dîner réalisée par Samuel Cunéo
Voir les synthèses des #DinerDesCommunicantsPolitiques précédents :
- synthèse du Dîner du 25 avril 2019
- synthèse du Dîner du 28 novembre 2018
- synthèse du Dîner du 16 mai 2018
- synthèse du Dîner du 24 janvier 2018